DX TV réception télévision dans les années 60/70

mise à jour le 20 avril 2013
par François Frappé francois.f@bbox.fr
Autre site http://francoisf.wix.com/dxtv

Je vous invite à faire un sympathique retour en arrière, à l’époque où les tubes électroniques chauffaient fort, pas seulement dans les radios BF comme les nostalgiques connaissent bien, mais aussi dans les récepteurs de télévision.
Le petit écran en était à ses débuts, et moi aussi. Tout commence en 1967, à Malo-Les-Bains (Dunkerque) quand mon frère aîné me ramena un « vieux » poste de télé, destiné à être démonté pour la récupération des pièces. Plutôt que de le disséquer et le transformer en amplificateur Hi-Fi, je préférai lui donner une chance de survie.
Novice en la matière, et ce n’est pas au collège qu’on apprend à réparer les télés, je parvins pourtant à refaire balayer le spot sur le phosphore luminescent.
Mire ORTF 1
Génial! Je recevais la première chaîne française ! Et en noir et blanc…
Peu après, je captais quelques émetteurs étrangers qui arrosaient la région. Le poste était prévu à l’origine uniquement en 819 lignes, et possédait un tuner VHF monocanal (Lille, 8A). Les émissions flamandes et britanniques étaient émises sur d’autres fréquences, et respectivement en 819 et 405 lignes.
La mise en place d’un rotacteur VHF et un gros bidouillage dans les bases de temps, fit de ce poste l’unique multistandard du quartier.

Cristal Palace BBC1 405 lines
Restait maintenant à attaquer l’UHF si je voulais voir les speakerines de la deuxième chaîne française. A l’époque, on ne faisait guère mieux que des tuners UHF à deux tubes EC86 / EC88, avec un gros condensateur variable en guise de recherche d'une éventuelle station. La sensibilité était du style poste à galène. Il valait mieux installer les antennes très haut, et avoir des câbles très courts. Cette incompatibilité engendra la réquisition du grenier qui allait devenir désormais un véritable laboratoire de recherches où des dizaines de téléviseurs s’y accumuleront…
2ième chaîne française
Un jour, j’étais de passage chez mon réparateur TV préféré, et il me donna un poste « moderne ». Un Philips TF2315A, grand écran de 49 cm de diagonale, à coins un peu moins ronds que les autres, mais surtout, avec un tuner UHF à transistors. Après le remplacement des tubes pompés dans la THT (PY88, PL136, DY86), le poste fonctionnait à merveille. Il y avait là-dedans trois pentodes EF184 d’amplification FI (fréquence intermédiaire), avant un ampli vidéo musclé EL183. Je ne vous dis pas les performances. En VHF, on pouvait recevoir à l’aise la chaîne belge francophone venant de Bruxelles, en 625 lignes. La bande UHF était bien plus riche en émetteurs que je ne le pensais. La BBC2, l’ITV (chaîne anglaise indépendante) et deux chaînes hollandaises m’y attendaient tranquillement. Seulement, ces images étaient instables, en négatif, et le son était nasillard. Après renseignements, j’appris qu’il s’agissait d’autres normes (I et BG). Il fallait inverser une diode à trouver quelque part dans le poste pour l’image, et construire un démodulateur FM pour le son. Après avoir inversé toutes les diodes du téléviseur, je parvins enfin à voir quelque chose de correct sur l’écran. Je recevais désormais une bonne dizaine de chaînes, toutes faciles à repérer, car à cette époque-là, il y avait très peu de programmes. Les iconoscopes balayaient les trois quart du temps les fameuses mires, propres à chaque émetteur.

Première réception longue distance,
par hasard sur la bande I, en mai 1969
Un jour d’été, alors que je me connectais dans la bande I sur la fréquence de la chaîne belge flamande, je fus étonné de voir une mire que je ne connaissais pas. L’image était très perturbée, mais de temps en temps de très bonne qualité : il s’agissait de la télévision tchécoslovaque !
Cela n’a duré que cinq minutes, avant que je me prenne les pieds dans le fil de mon fer à souder et que je rate la marche des escaliers du grenier, en voulant relater l’évènement à tout le monde. Au moment où l’on se retrouvait tous coincés dans la porte, plus de Tchécoslovaquie. Rien que du brouillage, et des bips de radioamateur. J’avais l’air malin. Mais il suffisait d’attendre un peu, car devant nos yeux hagards, cette fois-ci la télévision polonaise apparut sur la même fréquence, puis les télés russes, suédoises, norvégiennes… Pas de quoi suivre un film, sauf avec un bon collyre, mais la surprise était totale. La semaine suivante, toute l’Europe avait défilé sur mon écran ! Les chaînes roumaines, espagnoles, portugaises, italiennes… En réalité, les ondes de la bande I, dont les fréquences sont relativement basses (40-60 MHz), peuvent se propager de manière sporadique selon l’existence aléatoire d’une couche troposphérique saisonnière.
Bien entendu, pas grand monde ne me croyait quand je disais que je ne captais pas moins que 250 émetteurs jusqu’à 2000 Km de distance. C’était soi-disant impossible, surtout depuis que la terre est ronde, et pourtant… Mais, vous, respectable lecteur, devez penser que c’est tout à fait banal. Non, il n’y avait pas de satellite pour relayer l’onde capricieuse. Pour réconcilier les incrédules, rien de tel que de belles photographies des mires et des génériques. Imparable.
Deuxième chaîne finlandaise
Réception exceptionnelle en UHF
sur plus de 1500 km
Je m’intéressais également à la propagation très particulière de l’UHF, beaucoup moins aléatoire. Celle-ci est friande de hautes pressions atmosphériques et de brouillards denses, qui forment une sorte de guide d’onde, ou de loupe géante entre l’émetteur et le récepteur, pour peu que le soleil soit au rancart. La théorie UHF est complexe. Comme la perte du signal est proportionnelle au carré de la fréquence et à la longueur du câble, et que je n'ai jamais envisagé réhausser le grenier jusqu'au niveau de l'antenne, ni de mettre le téléviseur sur le toit, le téléviseur étant déjà au point culminant de la maison, l’idée était de placer le tuner carrément dans le dipôle et de descendre en fréquences moins vulnérables (32-39MHz). Manque de pot, les tuners à diodes varicap n’existaient pas. Balèze dans la bidouille, je mis au point un système de poulies, de ficelles, contrepoids et autre frein de vélo, pour mettre en rotation l'inaccessible condensateur variable à partir de mon fauteuil. Arrêtez de rigoler, car les résultats étaient sensationnels : la deuxième chaîne finlandaise en UHF, soit 2000 Km de distance. Magnifique.
Tuner et télécommande des tuners déportés dans le dipôle des antennes
Le premier poste TV en couleur que j'avais récupéré était aussi à tubes. Cinquante kilos d'électronique, avec 819/625 lignes (je ne vous décris pas les circuits de convergence), et PAL/Sécam à transistors. Résultats fabuleux pour les quelques chaînes UHF qui venaient de se coloriser. En tous cas, ce poste contribuait bien au chauffage du grenier l'hiver.
C’était vraiment une époque très sympa, où tout était compliqué et cher. Maintenant, c’est facile… et la parabole est gratuite.
Je vous laisse contempler les photos des mires et en apprécier la qualité.

François Frappé, Dunkerque.
francois.f@bbox.fr

Links:
- Nouveau site DXTV http://francoisf.wix.com/dxtv
- Pembers' Ponderings, by Alan Pemberton, England, fan of Test Cards and Caption of long-distance TV transmitters.
- Réception Hertzienne dans le Nord-Pas de Calais.
- A german DXer in the 70's http://www.tv-dx.de/
- TV ARK, The online television museum. The history of TV presentation and graphic design  http://www.tv-ark.org.uk/
- Les bandes de réception Télévision et Standards Wikipedia
- Johannes Hofmeister : German documentary movie project about testcards and TV DXing


DX TV reception of television stations during the 1960s and '70s at Dunkirk, France, by François Frappé.
Last update 2013, april, the 20th

francois.f@bbox.fr
Other website : http://francoisf.wix.com/dxtv

You are invited to take a pleasant trip into the past, to the time when thermionic valves were going strong, not only in the steam radios sets well known to the nostalgic, but also in tv sets.
The small screen was in its infancy and so was I. It all started in 1967, in Dunkirk, France, when my elder brother gave me an old tv set, destined to be cannibalised for spare parts. Rather than dismantle it and convert it into a hi-fi amplifier, I preferred to give it the chance to live.
Despite being a complete novice - and you don't learn to mend tellies at school - I nevertheless managed to get the spot scanning the screen again.
RTF Lille channel F8A
Amazing! I tuned in the French first channel! In black & white... Soon I picked up several foreign stations that broadcast over the country. Originally the set would only work on 819 lines and had a single channel (Lille 8A) VHF tuner. Belgian and British transmissions were on different frequencies and on 819 and 405 lines respectively.
Fitting a rotary VHF tuner and some considerable bodging over time made the set the only multistandard receiver in the district.
Now I needed to attack the UHF if I wanted to see the presenters on the French second channel. At the time there was nothing better than two-valve EC86/EC88 tuners, with a large variable capacitor by way of finding a possible station. They had the sensitivity of a crystal set. You had to install very high aerials and use short cables. Because of this I had to requisition the attic, which from then on became a veritable research laboratory where dozens of television sets accumulated...

Belgische Radio en Televisie
Gand (Aalter) channel E2
One day I was in my favourite TV repairer's when he gave me a modern set. A Philips TF2315A, large 19 inch diagonal screen with less rounded corners than the others, but best of all, a transistorised tuner.
When I'd replaced the valves in the line output stage (PY88, PL136, DY86) the set worked brilliantly. It had three EF184 pentodes in the IF strip followed by a butch video stage EL183.
On VHF the Belgian French-language programme from Brussels was easily received on 625 lines. The UHF band was richer in stations than I'd thought. BBC2, ITV (the English independent channel) and two Dutch channels were quietly waiting.
However, the pictures were unstable and in negative, and the sound was nasal. After some research I learned that they were on other systems (I and BG). It was necessary to reverse a diode somewhere in the vision path and build an FM demodulator for the sound. After reversing all the diodes in the set I managed to see something correct on the screen. From then on I received a good dozen channels, all easy to spot as at that time there were very few programmes. For three-quarters of the time, monoscopes scanned the famous test cards particular to each transmitter.
Polish TV
One summer's day when I tuned in to the Band I channel for the Belgian Flemish programme, I was astonished to see a test card I didn't recognise. The picture was unclear, but from time to time of very good quality: it was Czech Television! It only lasted five minutes, after which I tripped over the soldering iron cable and fell down the attic stairs in my hurry to tell everyone the news. By the time everyone was wedged into the doorway - no more Czechoslovakia! Nothing but snow and beeps from radio amateurs. I looked very clever! But all we had to do was wait, and before our dazed eyes this time Polish television appeared on the same frequency, then Russian, Swedish, Norwegian... Impossible to follow a film, except with a good eyewash, but it was a total surprise. By the following week, the whole of Europe had paraded across my screen! Romanian, Spanish, Portuguese, Italian channels... in fact the Band I frequencies, which arerelatively low (40-60MHz), may be propagated sporadically depending onunpredictable seasonal ionospheric paths. Of course, no one believed me when I told them I'd pulled in no fewer than 300 stations up to 2000km away. It was supposed to be impossible, especially since the world is round, and yet... But you, dear reader, must think it is quite banal. On the contrary, there were no satellites to relay the capricious signals. To satisfy the doubters, nothing like good photographs of test cards and idents. Irrefutable.
The Netherlands
I was equally interested in the very particular propagation of UHF, much less unpredictable. That is fond of high atmospheric pressure and dense fog, which form a sort of waveguide, or a giant magnifying glass between transmitter and receiver, if the sun has been pushed aside.
The attenuation of the signal is proportional to the square of the frequency and the length of the cable. The TV receiver was already at the highest point in the house. The idea was to put the tuner in the aerial dipole box and to send down less vulnerable frequencies (32-39MHz [ie the IF]). Unfortunately, varicap diode tuners did not exist. Brilliant at bodging, I put in place a system of pulleys, cords, counterweights and bicycle brakes in order to turn the inaccessible variable capacitor without leaving my seat. Stop laughing, because the results were sensational: the Finnish second programme 2200km away. Magnificent.
My first tailormade TV set, which dispayed all Europe testcards!
The first colour TV set I got was also valved. Fifty kilos of electronics, with 819/625 lines (I won't describe the convergence circuitry) and transistorised PAL/SECAM decoders. Fabulous results with the several UHF channels that were being converted to colour. Anyhow, that telly contributed a lot to the heating of the attic in winter.
It really was a very nice era, when everything was complicated and expensive. Now it's easy... and the dish is free. I'll leave you to look at the test card photos and appreciate the quality.

François Frappé, Dunkirk.
francois.f@bbox.fr

Thanks to Alan Pemberton for the translation assistance.